Vigie, octobre 2012

 

 

 

LA PLUIE, LES RÊVES

 

 

Avec la pluie les rêves reviennent en pagaille. Rêvé que la petite chatte Dana donnait naissance à trois petits que j’accueillais et dont je coupais le cordon ; rêvé que ces trois chatons se transformaient en trois enfants, une fille et deux garçons. Rêvé d’une furieuse marche arrière qui me ramenait vers P. et P. qu’on avait honteusement abandonnés et qui pleuraient, perdus autant qu’on peut l’être (« ça passera », disais-je avec maladresse). Rêvé qu’une bibliothèque voulait censurer mon bouquin guyanais à cause des pages sur l’immigration et le sort des clandestins brésiliens ; je me levais et partais dans une vaste diatribe en laquelle j’affirmais ma fierté de petit-fils de maçon immigré, puis la conversation se perdait dans la confusion de borborygmes australiens et les cheveux me tombaient sur les yeux, ce qui provoquait un fou rire. 

Au matin la vallée est prise par la pluie qui crépite à la fenêtre de toit et brouille la silhouette des cinq maigres branches nues du poirier ; les rêves retournés aux nuages tombent en pluie d’automne. 

 

7 octobre 2012

 

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