Vigie, octobre 2012

 

 

 

FIN D’APRÈS MIDI EN AUTOMNE

 

 

Les nuages voilent le soleil de cette très belle journée d’automne finissant. La fumée voile aussi le doré des arbres. Sous le pas alerte des enfants les feuilles craquent. À l’arrivée au bosquet des noyers les pics épeiches s’envolent. Le grimpereau, les mésanges, les derniers rougequeues s’affairent dans les arbres vieux de ce vieil automne dont les pommiers croulent encore de pommes rouges. On bourre ses poches de châtaignes rutilantes. Les enfants goûtent en surveillant les crêtes nues, les bois assombris, puis disent – « Regarde, on voit la lune, un tout petit quartier ! » ou « Tu as vu l’avion ? Regarde l’avion là-bas ! » 

Les nuages gagnent l’espace. Les enfants traversent le champ, les oiseaux s’affairent, on entend l’éclat de leurs voix, le rire du pic, la rumeur des débroussailleuses et des tronçonneuses (après tant de jours de pluie). On cherche encore dans l’arbre le souvenir d’un cerf-volant emmêlé, on raconte : « Tu vois ces pommiers là-bas ? Nous marchions tous les deux, tu as dit ‘les bras papa car je suis petit’, et c’était une de tes toutes premières phrases ». On entend encore l’écho des clarines et les enfants s’éloignent, peu rassurés. La chienne pleure. La main tremble un peu – on court pour les rejoindre.

Au retour on regarde, à la fenêtre du sud, le cerisier flamboyant – puis la cime nue du poirier à la fenêtre de l’est, sur laquelle vient se poser le pic épeiche (calotte et croupion rouges, robe noir et blanc). 

 

20 octobre 2012

 

Ce contenu a été publié dans 2012. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.