Vigie, novembre 2012

 

 

 

PRIS À LA NUIT

 

 

Ces voix chères, ces voix aimées tout à l’heure entendues de si loin, comme noyées par la nuit, comme déjà perdues ;

ces rêves de fêtes et de nouveaux départs (et l’on reparle de Venise, du Grand hôtel des Bains désormais détruit, de Florence ou de la Camargue) ;

cet allant, cette générosité souple et simple avec laquelle mon père tout entier à sa tâche vogue d’écueils en écueils et chevauche les anicroches ;

cette limpidité sonore de la voix de ma mère qui parle du cancer et endure les maux des traitements sans défaillir ni jouer les bravaches ;

les facéties de la chatte Dana dont le poil blanc crème évoque l’écume, et qui se blottit dans les bras en ronronnant ;

les mots des enfants enfin, ces phrases comme : « les voitures sont dans le banc coffre », « quand j’étais petit on se baignait ensemble et on jouait avec une balle, papa » (mais tu es encore petit, tu sais) ;

N. lisant malgré l’heure tardive À l’ombre des jeunes filles… ;

tout cela ainsi pris dans la pluie, pris à la nuit, serré ici…

 

5 novembre 2012

 

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