Vigie, novembre 2012

 

 

 

DERNIÈRE NUIT

 

 

On avance, on y est, on est arrivé à cette dernière nuit de vacance, cette nouvelle dernière nuit pluvieuse vers laquelle chaque instant de cette journée très sombre où l’on n’a jamais vu le soleil, sombrement nous menait.

On est arrivé à ce dernier tunnel de longue panique.

« Je voudrais mourir en paix mais je suis trop agitée et je sais que ce ne sera pas possible. Au moins je voudrais que la mort vienne vite, mais elle ne vient pas, et le docteur non plus ne vient pas. J’attends, je n’en peux plus », et le reste n’est que gémissements intranscriptibles d’une voix devenue presque inhumaine.

On avance, on y est, on est arrivé à cette nuit ailleurs invivable, ici si confortable. Les enfants dorment, Nathalie travaille, la pluie crépite, il fait très doux et la lumière aussi est douce qui fait reluire l’encre.

On lit des livres sur les origines de l’homme et de l’art, on  replonge dans des grottes de souvenirs anciens (parfois, le vertige du mystère primordial…), on se donne à bon compte l’illusion de préparer cette fin vers laquelle, quoi qu’il en soit (et de cela on n’en finit pas de ne pas revenir) on avance.

 

10 novembre 2012 

 

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