Vigie, novembre 2012

 

 

 

À LA POINTE NUE DE L’AUTOMNE

 

 

Lorsque les dernières lueurs de la forêt se seront éteintes, laissant l’amphithéâtre de ce fond de vallée à l’obscurité hivernale, lorsqu’au flanc de la montagne on ne verra plus que le gris rosé des arbres dénudés dans l’entre-deux de l’attente d’une nouvelle clarté de neige, quelque chose en nous et en ce fond de vallée s’effondrera…

 

Après une montée paisible dans la lumière déclinante de novembre (les ombre de plus en plus démesurées, les silhouettes déformées à mesure que l’heure passe), on redescend par le versant nord en longeant la rivière.

Air froid saturé d’humidité. Derniers rayons de soleil qu’on prend de face et qui embrasent les feuilles pourries, glissantes, trempées du sentier, le petit pont ennuagé de vapeur et ce sous-bois sombre qui est le royaume des craquements et des mousses. Le givre sur les mousses ou, en contrebas, sur les bords du marais, donne à l’enfant l’illusion de la neige.

Dans l’air de plus en plus froid résonne l’écho des travaux du toit que Thierry, quelque part en face sur le versant encore momentanément ensoleillé est occupé à couvrir avec l’aide d’un ami du métier ; Thierry qui, pas plus que nous, ne sait qu’il va mourir, que dans un tout petit peu moins d’un an il sera mort, Thierry travaille ainsi consciencieusement à son toit.

 

16 novembre 2012

 

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