Route, février 2015

 

 

OÙ SONT LES SIGNES ?

 

 

Où sont les signes du printemps ? Mare muette. Pare-brise givré. Poubelle renversée dans la glace. Calligraphie des branches cassées. Route glissante… Puis deux pies traversent en rase-mottes, suivies de deux pinsons. Un écureuil noir, que j’attendais parce que c’est son virage, traverse à son tour ; le deuxième reste sur le bas-côté. La troupe des corneilles s’est rassemblée dans un cercle ou la neige fondue laisse apparaître un peu d’herbe verte, juste à côté de la haie des saules têtards, plus hirsute et plus orange que jamais. Terre labourée sous la neige, parsemée de mottes sombres et de corneilles. Une buse posée sur un poteau ouvre les yeux à mon approche, et j’entends soudain la chanson de Bea Tristan comme en écho me murmurer :

À cause de cette plaine labourée

Silencieuse comme un livre ouvert

Lignes tracées non rédigées

Préface de brume signée l’hiver

 

Je ralentis et je regarde

 

À cause de cette buse sur le piquet

Sentinelle de terres gelées

Et de son œil doré où apparaît

Comme une lampe qu’on vient d’allumer

 

Je ralentis et je regarde…

 

Je ralentis et je regarde. Les cheminées fument dans le ciel gris. Mais il y a aussi cette traînée très grise, menaçante, un peu plus haut sur la colline. Le feu. Encore une maison en feu. Je m’arrête, désemparé. Est-ce que quelqu’un a vu cela ? Est-ce qu’il y a quelqu’un ? 

 

23 février 2015

Ce contenu a été publié dans 2015. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.