Vigie, mai 2010

 

 

UN TRÈS BEAU RÊVE 

 

Pâle soleil de printemps pluvieux. Grand calme. Clément, sitôt arrivé dans sa maison, est devenu bien calme. Sans doute les bruits de la maison, voix, musiques, carillon, lui étaient-il déjà familiers, alors que ceux de la maternité l’inquiétaient. Il mange et dort comme le bébé qu’il est, sourit parfois comme un bienheureux. Malgré les douleurs de l’allaitement sa mère se réjouit de pouvoir bien le nourrir (cela lui évitera peut-être plus tard certains désagréments).

Tout est bien doux en ce refuge précaire, et ne pas s’attacher à cette douceur est ardu. Regardons la comme un très beau rêve (c’est ainsi qu’on la revoit lorsque, quelques années plus tard, on revient fouiller dans ces notes) qui pourrait aussi bien se transformer en cauchemar. Rêve et cauchemar n’ont pas de réalité en eux-mêmes, paraît-il, mais ne sont peut-être que des projections de l’esprit — de cet esprit qui n’existe pas non plus en soi mais se trouve « libre d’essence »…

Après la tétée matinale Clément s’est rendormi. Chacun dort. Il est sept heures, le jour est bien levé. Puissions-nous en boire goutte-à-goutte la potion miraculeuse ; puissions-nous en vivre pleinement toute l’intensité, car nous y voilà, nous y sommes, le temps plus que jamais taraude.

 

9 mai 2010

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