Vigie, mai 2010

 

 

  

 « LA VIE EST UN MIRACLE ! » (2)

 

Soirée de pluie, journée de pluie, nuit de pluie. Une fois encore on se retrouve ensemble. Vingt-six ans après la première fois on retourne écouter Angélique Ionatos. On devise. On évoque avec ma mère cette menace pour l’instant si abstraite. Avec mon père on n’en dit mot ; c’est dire. À la maison on se serre, on se réchauffe, on s’affaire, on déplace des meubles, on teinte en rouge les drapeaux de prières décolorés par l’hiver, on cuisine… Mon père a réparé le portail que le gel avait cassé. J’ai continué à peindre les tours de fenêtre. Et puis on évoque les travaux du bas, la future cuisine…

La vie est un miracle.

Parfois Léo s’énerve (Clément reste tranquille). Comme il craint de les voir partir, voici qu’il dit souhaiter leur départ. Il s’irrite, se contredit. Est-ce jalousie par rapport au nouveau venu, pudeur maladroite, ou peur du temps qui passe ? Je crains de trop bien lui refiler certaines hantises potentiellement salutaires, mais aussi traumatiques. Il déteste les départs. Celui-ci nous laisse sans voix pendant un long moment. 

Que ce week-end fut doux, que cette douceur ne saurait durer et déjà semble amère. Leur bonté laisse pantois. On les voudrait à l’abri du malheur. Après leur départ tout paraît plus fragile : Léo qui réclame un dessin animé qu’on ne lui refuse pas, Clément qui sourit au sein, le chat Chadek qui semble perdu, la chienne malade, la chatte de Guyane, la maison, Nathalie… tout cela de peu de poids et comme déjà s’effaçant, comme déjà effacé… 

 

30 mai 2010

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