LA LIGNE BLANCHE
Sur le patchwork gris de la route elle est
éblouissante, la neuve ligne blanche
dont les traits intermittents sont
ligne de partage, ligne de flottaison
et mon fil d’Ariane pour les nuits de brouillard.
Elle rappelle de façon éclatante aux chauffards
(mais qui le sait ?)
qu’on n’a ici le droit de dépasser que
les tracteurs, les vélos, les charrettes
et autres véhicules excessivement lents.
Je suis la ligne neuve qui longe aussi
les câbles électriques
les fils du téléphone
les grillages, les clôtures
toutes ces frontières sans barbelés
qui délimitent mais qui n’enferment
que ceux à qui le monde fait peur.
Je suis les lignes blanches
de la route, de la montagne, du poème, du nuage
et me murmure à moi-même qu’on pourrait,
de ligne en ligne aller assez loin, voyez-vous, rassembler
humains et non-humains, nantis et démunis
reliés, réunis
dans un monde sans peur –
on pourrait…
10 septembre 2015