COMME UN PREMIER SEPTEMBRE
Stable et droit comme
la route entre deux virages
le châtaignier aux bogues tendres
le dragon dressé de Belledonne
qui voit venir septembre.
Courbé, fuyant comme
les lignes noires du bitume
les doigts torts du vieux cerisier
la falaise du mont Granier
au soleil de septembre.
Très lent, hésitant comme
la Peugeot Partner du vieil homme que je suis
le chat en chasse dans le champ
le brouillard accroché à l’ubac
le soleil de septembre.
Alerte et en alerte comme
les feux les géraniums rouges
le chat qui bondit par deux fois
la corneille sur son piquet, l’écolier
en ce premier septembre.
Assoupi, alangui comme
le papi là-devant qui sans raison s’arrête
la maison du repli aux fenêtres éteintes
le vieil adolescent au dernier jour d’été
qui refuse septembre.
Rouillé, fané, usé comme
le ventre de la voiture, la croix du carrefour
les fleurs des hortensias
les grilles de l’hôtel
le soleil de septembre.
Stable et ferme comme
la grande église d’Arvillard
les Grands Moulins au-dessus du brouillard
les pylônes noirs, la maison jaune
la dernière ligne droite
qui ouvre sur septembre.
1er septembre 2015