« VOIR VRAIMENT »
« Voir, voir vraiment
c’est ne pas mourir »?
D’abord savourer le flou
savourer le vague
savourer les vagues
de la pluie sur le pare-brise.
Voir le trouble
accepter d’être troublé
faire tout pour cela.
Et puis d’un coup d’essuie-glaces
passer d’un flou à un autre :
le brouillard,
fumée d’un feu étouffé
cocon trempé d’où émerge
la chrysalide du réel.
« Voir vraiment
c’est ne pas mourir »
cette idée comme une lampe
éclaire toute chose de l’intérieur −
et jusqu’à ces paroles
esquisses griffonnées dans l’air
plus inconsistantes encore
que gouttes sur le pare-brise.
Juchée sur son piquet une pie
bat de sa queue la même cadence
que les essuie-glaces.
Ici la route est lisse et luisante
comme l’eau d’un ruisseau
sous les frondaisons des arbres.
Ce cheval gris
comme un nuage
détaché de la montagne.
Voir sans fin
voir à la source
de la sensation de voir :
ce désir de voir
est désir de vivre.
23 septembre 2015