Route, septembre 2015

 

 

 

« VOIR VRAIMENT »

 

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« Voir, voir vraiment

c’est ne pas mourir »?

 

D’abord savourer le flou

savourer le vague

savourer les vagues

de la pluie sur le pare-brise.

 

Voir le trouble

accepter d’être troublé

faire tout pour cela.

 

Et puis d’un coup d’essuie-glaces

passer d’un flou à un autre :

le brouillard,

fumée d’un feu étouffé

cocon trempé d’où émerge

la chrysalide du réel.

 

« Voir vraiment

c’est ne pas mourir »

cette idée comme une lampe

éclaire toute chose de l’intérieur −

et jusqu’à ces paroles

esquisses griffonnées dans l’air

plus inconsistantes encore

que gouttes sur le pare-brise.

 

Juchée sur son piquet une pie

bat de sa queue la même cadence

que les essuie-glaces.

 

Ici la route est lisse et luisante

comme l’eau d’un ruisseau

sous les frondaisons des arbres.

 

Ce cheval gris

comme un nuage

détaché de la montagne.

 

Voir sans fin

voir à la source

de la sensation de voir :

ce désir de voir

est désir de vivre.

 

23 septembre 2015

 

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