ROUTE SÉRIELLE, MUSIQUE OUVERTE
Toujours la même route
que l’on parcourt en vingt minutes
aux mêmes heures
dans les deux sens.
Toujours les mêmes repères
la maison rouge le bourg l’église le pont
la haie de saules têtards les massifs
de Belledonne de Chartreuse et des Bauges
le stop, le cimetière.
Entre ces repères d’une fixité
toute relative on dispose
des silences aléatoires
de la brume des nuages des paroles
ouvertes au hasard
non pour tenter de maîtriser
ce que celui-ci peut avoir d’inquiétant
(et qu’on nomme imprévu, accident)
mais pour révéler ces changements de rythme
ces battements ces pulsations ces perspectives
qui font de toute route un poème.
Musique sérielle
sans obsession mathématique
poème ouvert
au hasard que rien n’abolit
mais qui renait de la rencontre réitérée entre
un observateur-scripteur embarqué
sur cette route montagnarde
et la forêt les météores les crêtes les bêtes qui la traversent –
tout ce qui passe, tout ce qui reste.
Sur l’ancien hôtel en réfection on a posé
des fenêtres neuves
à travers lesquelles on pourra voir bientôt
les collégiens aller en bandes
attendre le bus sous le ciel brouillé,
et les corneilles, les pommes rouges
qui roulent sur la route tendue
entre deux hasards.
28 septembre 2015