LA ROUTE JAUNE
Une tache jaune
à travers la buée
ma route est jaune
jaune le gilet de la femme qui y fait son jogging
jaunes les petites lumières à l’intérieur des maisons calfeutrées
jaunes les feux du bus qui jaillissent quand on ne s’y attend pas
jaunes les panneaux des travaux les gyrophares
et le feu pour passer
jaunes les derniers soleils dans les jardins trempés
et les premières lueurs aux branches des saules têtards
qui se dénudent peu à peu
jaune pâle le champ de maïs en contrebas
jaune vif la bordure du trottoir au carrefour de Presle
jaunes les boutons d’or épars sur le vieux mur
et les réverbères allumés devant le cimetière
jaune la boîte aux lettres à La Chapelle du Bard
et la publicité pour les pneus Pirelli
jaune l’enseigne de l’hôtel-restaurant Le Panoramique (deuxième allée à droite)
et les trois érables maigrelets sur le parking désert
J’aime parcourir à la fin de septembre
ma route jaune, ma route généreuse −
mais le jaune que je préfère
reste celui de ce tapis de feuilles
toujours au même endroit dans ce coin de forêt
que la route traverse et où je voudrais tant
m’arrêter, par un beau jour d’automne
pour suivre dans le noir, peut-être, allez savoir,
les traces jaunes des girolles…
29 septembre 2015