Route, septembre 2015

 

 

 

LA ROUTE JAUNE

 

Routeseptembre2015jaune

 

Une tache jaune

à travers la buée

ma route est jaune

jaune le gilet de la femme qui y fait son jogging

jaunes les petites lumières à l’intérieur des maisons calfeutrées

jaunes les feux du bus qui jaillissent quand on ne s’y attend pas

jaunes les panneaux des travaux les gyrophares

et le feu pour passer

jaunes les derniers soleils dans les jardins trempés

et les premières lueurs aux branches des saules têtards

qui se dénudent peu à peu

jaune pâle le champ de maïs en contrebas

jaune vif la bordure du trottoir au carrefour de Presle

jaunes les boutons d’or épars sur le vieux mur

et les réverbères allumés devant le cimetière

jaune la boîte aux lettres à La Chapelle du Bard

et la publicité pour les pneus Pirelli

jaune l’enseigne de l’hôtel-restaurant Le Panoramique (deuxième allée à droite)

et les trois érables maigrelets sur le parking désert

 

J’aime parcourir à la fin de septembre

ma route jaune, ma route généreuse −

mais le jaune que je préfère

reste celui de ce tapis de feuilles

toujours au même endroit dans ce coin de forêt

que la route traverse et où je voudrais tant

m’arrêter, par un beau jour d’automne

pour suivre dans le noir, peut-être, allez savoir,

les traces jaunes des girolles…

 

29 septembre 2015

 

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