Neige d’avril
Les bourgeons près d’éclore ont gelé et les mille fleurs du jeune mirabellier, dont on pressentait déjà la blancheur, ne s’épanouiront pas : ainsi on se lamente, tout en admirant la floraison stérile de la neige.
La neige d’avril est belle et dévastatrice. Qu’en disent les abeilles ? Qu’en disent les grenouilles, et les clochards sur les trottoirs de nos villes ? La trêve hivernale est terminée, parait-il, et le retour de l’hiver d’autant plus dur.
J’attends, fébrile et fragile comme un arbre en avril.
La neige à nouveau glisse sur la vitre de la fenêtre de toit, qui laissera bientôt apparaître les cinq branches du poirier sur fond de ciel pâle. Un bec-croisé s’y tiendra posé, sans doute, fière silhouette bien campée, petite boule de solidité transitoire dans le monde éphémère.
La neige à nouveau glisse sur le toit du hangar à mesure que l’air froid se réchauffe, le monde partout glisse. Slalomer entre les bosses loin des terrains balisés, s’envoler : c’est ce qu’il faudrait faire. Je ne sais pas.
Quelle lumière au dehors, quelle lumière pourtant ! m’écrié-je en sciant les moignons des branches. Il est temps de secouer les lourdeurs du passé et des deuils pour s’en aller marcher, écrire et revivre.