Vigie, février 2024

 

Les nuages

 

 

Aujourd’hui je suis le temps, le temps qu’il fait, le temps changeant, je sors mes deux nuages blancs annonciateurs non pas de tempête et encore moins de claustration mais d’escapades champêtres et forestières. Mes nuages, je les regarde danser au-dessus du champ jaune verdissant, se rejoindre, se mêler, s’éloigner, folâtrer, divaguer, et parce qu’ils sont reliés à moi par deux traits jaunes je me sens un peu soleil, me sens radieux, la tête dans les crêtes, girouette des sommets.

Le tour reprend un tour joyeux alors je le prolonge, j’opte pour le plus grand cercle qui passe par l’ancien Moulin de Planche en dessous de La Martinette, dans cette partie sombre de la forêt où le vieil aqueduc rouillé couvert de mousse (il s’agit en vérité d’une conduite forcée mais aqueduc est plus élégant) m’évoque toujours quelque vestige de l’Europe de l’Est…

Traîné par mes nuages non plus comme un soleil mais comme un ballon de baudruche à la dérive (cette image m’est venue à cause de l’évocation des « vestiges de l’Europe de l’Est » qui m’a mis en tête la chanson « Neunundneunzig Luftballons »), je me retrouve au beau milieu des ronces, coincé, griffé, pendant qu’eux continuent sans comprendre ce qui me ralentit.

À mesure qu’on remonte le ciel s’éclaircit, la mousse et les chatons fluorescents des noisetiers s’illuminent, et mon esprit s’en va vers des songeries d’été, emporté dans un dialogue confus avec les monts, les souvenirs et les nuages.

12/02/24

 

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