Vigie, mai 2014

 

 

LE MIROIR

 

Noté en hâte dans le noir, ce rêve cinglant.

N. et moi sommes dans la maison de M., au sous-sol (mais cette maison-là ne ressemble à aucune maison connue). C’est tard la nuit, peut-être deux ou trois heures. Un bruit d’eau qui goutte m’empêche de me rendormir. Je me lève et constate que l’eau de la douche qui jouxte la chambre n’a pas été coupée. Je tente en vain de le faire, coupe l’eau froide — mais c’est l’eau chaude qui vient ; coupe l’eau chaude — mais l’eau froide jaillit de plus belle et remplit peu à peu la baignoire bouchée qui commence à déborder. Je constate que l’eau goutte également du plafond gorgé d’eau. Je me précipite à l’étage où dorment mes parents. J’aperçois ma mère qui, par chance, vient de se relever (pour eux aussi la nuit est donc mauvaise). Mon père aussi est levé. L’eau, ici comme en bas, goutte du plafond. Je veux lui demander de venir voir ce qui se passe, mais ma mère me dit qu’il ne peut pas venir parce qu’il veut écouter les informations. Je suis scandalisé. J’ouvre la porte d’une autre pièce inconnue (cette maison est beaucoup plus grande que ne l’est, en réalité, celle de M., mais je reconnais pourtant le séjour tel qu’il était autrefois). L’eau a éventré le plafond et tout ruisselle, comme dans Le Miroir de Tarkovski. Je crie. Mon père est là, qui déclare : « Cette fois, je ne pourrai rien faire. » Il y a là par terre, dispersées, des dizaines de photographies en couleurs et en noir et blanc emportées par l’eau qui coule dans la maison, dans la maison qui coule. Je soupçonne alors mon père d’être pour quelque chose dans ce sabordage, ou tout au moins d’avoir, par désespoir, jeté à l’eau ces photographies anciennes.

 

dans la nuit du 30 au 31 mai 2014

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