La salle en juin

HAÏKUS D’ADIEUX

  

 

9h45

 

Fin des cours début d’été —

les enfants ont tant grandi

qu’ils ne semblent plus des enfants.

Matin d’été

Matteo est le maître

de la poubelle.

Matin d’été

l’odeur de l’asphalte humide

le pépiement du moineau.

Paul et Quentin

assis sur la table de ping-pong

statues vivantes.

Assis au milieu des sacs

Paul est en partance —

une gare sans trains.

Debout sur la poubelle

comme vigie sur un bateau

Antonin guette.

Certains silencieux

d’autres repris par l’insouciance

des pépiements de moineaux.

Ils peuvent bien rire

bientôt ils seront loin

et dispersés.

Une tourterelle

se racle la gorge

Corentin perd son stylo.

*

 14h45

 

Quand l’érable sera grand

Léna

sera vieille ?

Ciel blanc

pluie fine qui crépite

l’orage qui vient.

Après-midi d’été

les poubelles sont nos trônes

nos vigies.

La pluie fine

sur le goudron de la cour

cette odeur d’été.

Qui appelle

en ce jour d’averse ?

C’est Magdalena !

Trois demoiselles sur un banc

goguenardes

assurément !

Le collège fut notre bateau

pour cette traversée d’un an

jusqu’à l’échouage.

La pluie redouble

le temps est parfait

pour des adieux.

La cour bientôt vide

les rires, les pitreries, les facéties

derrière nous.

Nous tous en allés

ne restera dans la cour

que la pluie.

*

 

16h, pluie battante.

 

La cour sombre où

le tonnerre grondait

les petites boîtes à insectes.

Sur ce quai de gare

sans train et sans bus

les voyageurs regardent la pluie.

Averse tropicale

comme de tout petits enfants

les grands s’y trempaient.

Pieds nus sous la pluie

Anne-Claire

jouait les grenouilles.

Yassine et Brice

accroupis sous la pluie

deux crapauds en short !

Derrière la poubelle

Thomas regardait cela

de très loin.

L’averse et l’année s’achèvent

un élève par la fenêtre

lance une sorte de S.O.S.

20 juin 2013

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