Vigie, février 2010

 

PIERRE POREUSE

La pluie, les bancs de brume le long de la montagne, puis plus rien.

Baigné de rouge dans le temple rouge, baigné de blanc dans le temple blanc, traversé de bruits d’eau, de chants d’oiseaux, du son lointain des travaux, je travaille à devenir poreux.

Je travaille ?

Ça travaille, ça s’érode, ça traverse, sans ce détour par l’écriture qui m’est semble-t-il devenu impossible (et venir ici c’était une façon de continuer quand même à écrire sans les mots).

Par moments je n’y suis plus, c’est-à-dire, je n’y est plus, et donc j’y suis mieux. La conscience d’y être dissipe et brouille l’état de dégagement et la confusion reprend le dessus — mais avec plus de légèreté, comme ces bancs de brume qui laissent deviner le soleil.

La pierre respire et devient poreuse.

Karma-ling, 23 février 2010

 

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