CHEMIN FORESTIER
Le chevreuil à bons forcés
traverse le champ de l’aube
et stoppe à l’orée
De cet horizon barré
de montagnes et de nuages
nul soleil n’émerge
Même sans tête
la montagne obscure
te toise
La sauvagerie de ce lieu
peuplé de loups et d’appels
comment l’oublier ?
Marche dans l’ombre
en compagnie de ton ombre
et de la vieille chienne.
Sapins noirs dans le ciel gris
en ce paysage de menaces
te voici pourtant chez toi
Nulle muraille de nul Fort
ne te protègera mieux
que ces falaises
Une lumière allumée
au village d’en face
c’est déjà beaucoup de lumière
Quel soulagement :
l’affût de l’enfant
a tenu !
Tapi tu observes
le très lent travail que tisse
l’araignée entre deux herbes
Comment a pu s’immiscer
cette pensée orgueilleuse
dans un sous-bois si obscur ?
La reptation sous la barrière
te rappelle
à l’humilité des mousses
Le seul travail sur l’esprit
ne saurait suffire
à vaincre la confusion
L’amitié hautaine
des forêts et des montagnes
reste nécessaire
Petites pommes vert tendre
à l’orée du bois
le don de l’automne
Rumeur du ruisseau
le cri lointain d’un coq
te rappelle à ton village
Le chant de la tourterelle
à toi aussi, il serre le cœur
souvenirs d’ailleurs
Cinq vaches couchées
et deux autres redressées
font un haïku
La goutte en glissant
a transformé le poème
en fleur noire
À perte de champ
la chienne, museau au sol
flaire son territoire
Vaste est la vallée
et vaste le cœur
dans la solitude
Que la lumière ici
arrive par l’ouest
n’a rien d’inquiétant
Noyer dans la brume
toi aussi tu aimes l’aube
salue avec moi le soleil !
26 août 2012