Vigie, août 2012

 

 

 

 

CHEMIN FORESTIER

 

 

Le chevreuil à bons forcés

traverse le champ de l’aube

et stoppe à l’orée

 

De cet horizon barré

de montagnes et de nuages

nul soleil n’émerge

 

Même sans tête

la montagne obscure

te toise

 

La sauvagerie de ce lieu

peuplé de loups et d’appels

comment l’oublier ?

 

Marche dans l’ombre

en compagnie de ton ombre

et de la vieille chienne.

 

Sapins noirs dans le ciel gris

en ce paysage de menaces

te voici pourtant chez toi

 

Nulle muraille de nul Fort

ne te protègera mieux

que ces falaises

 

Une lumière allumée

au village d’en face 

c’est déjà beaucoup de lumière

 

Quel soulagement :

l’affût de l’enfant

a tenu !

 

Tapi tu observes

le très lent travail que tisse

l’araignée entre deux herbes

 

Comment a pu s’immiscer

cette pensée orgueilleuse

dans un sous-bois si obscur ?

 

La reptation sous la barrière

te rappelle

à l’humilité des mousses

 

Le seul travail sur l’esprit

ne saurait suffire

à vaincre la confusion

 

L’amitié hautaine

des forêts et des montagnes

reste nécessaire

 

Petites pommes vert tendre

à l’orée du bois

le don de l’automne

 

Rumeur du ruisseau

le cri lointain d’un coq

te rappelle à ton village

 

Le chant de la tourterelle

à toi aussi, il serre le cœur

souvenirs d’ailleurs

 

Cinq vaches couchées

et deux autres redressées

font un haïku

 

La goutte en glissant

a transformé le poème

en fleur noire

 

À perte de champ

la chienne, museau au sol

flaire son territoire

 

Vaste est la vallée

et vaste le cœur

dans la solitude

 

Que la lumière ici

arrive par l’ouest

n’a rien d’inquiétant

 

Noyer dans la brume

toi aussi tu aimes l’aube

salue avec moi le soleil !

 

26 août 2012 

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