Vigie, septembre 2015

 

 

 

« IL PLEUT DANS MA CHAMBRE… »

 

 

Il pleut dans ma chambre, j’écoute la pluie
douce pluie de septembre, chante un air moqueur…

Trenet

 

À force de dire la joie que j’ai à entendre la pluie sur le toit, à force de chanter sur tous les tons les louanges des orages et de pratiquer une écriture visant, c’est imprudent, à faire le lien entre « le dedans » et « le dehors », cela devait fatalement arriver : par la fenêtre de toit restée ouverte, la pluie s’est engouffrée.

J’étais en bas, abimé dans Le passé (ce très crispant film de l’iranien Asghar Farhadi). Je ne prêtais pas attention aux éclairs, ni même à la chienne terrorisée qui cherchait à grimper sur le canapé. Quand j’ai enfin perçu la violence de l’orage en cours il était évidemment trop tard.

À quatre pattes dans la pièce inondée j’éponge comme je peux, assez indifférent, pour une fois, à la « chanson de la pluie ».

J’essaye d’expliquer à cette dernière que faire le lien ne signifie pas tout mélanger, et qu’il est sain de maintenir une frontière (souple, perméable – le mot est malheureux… − mais une frontière quand même) entre le « dedans » et « le dehors », sous peine de sombrer dans la confusion et le chaos ; elle se contente de marteler la vitre refermée avec ce que j’interprète (abusivement, bien sûr) comme une sorte de moquerie.

Quand même : le plic-ploc des dernières gouttes sur le tapis et dans le seau n’est pas dépourvu d’intérêt rythmique, et l’on pourrait pianoter là-dessus une assez jolie mélodie d’automne…

 

11 septembre 2015

 

 

 

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