Vigie, mai 2017

 

 

 

« L’AIR SEMBLE PLUS LÉGER »

 

Vigiemai2017 13

  

On a beau dire et jouer les durs, voir l’animal avec lequel on a parcouru tant de sentiers et tant d’années soudain si diminué, met mal à l’aise. La nuit de l’élection de Trump, je me souviens être resté auprès d’elle parce qu’elle n’arrivait plus à respirer – les chiens sentent venir les catastrophes – et que seule ma présence semblait la calmer. Dès que je l’entends japper je me lève pour lui ouvrir la porte du jardin, car elle continue à se retenir de faire ses besoins le plus longtemps possible, et quand elle n’y est pas arrivée s’extirpe de son panier, semble s’étonner de cette réprimande qui ne vient pas et me regarde avec un air paniqué qui fait vraiment peine.

Ces derniers temps, il lui était cependant devenu bien difficile de tenir toute la nuit et il me fallait me relever plusieurs fois pour répondre à ses appels. C’était épuisant, et cela me condamnait à rester près d’elle tout l’été car je ne peux pas demander à quelqu’un d’autre de faire une chose pareille. Il fallait trouver une solution. Je l’ai donc installée sous la terrasse, dans l’atelier bien protégé mais ouvert sur le jardin. Elle y dort désormais dans sa panière, en compagnie de la chatte Dana qui l’a rejointe – on ne la voit plus qu’aux heures des repas.

La nuit je ne dors pas beaucoup mieux, je tends l’oreille, et je me lève quand je l’entends aboyer (ce qu’elle a fait les deux premières nuits, ce qu’elle ne fait plus maintenant) ; mais au moins l’air du séjour est-il enfin respirable.

 

19 mai 2017

 

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