Munich, été 2019

 

 

 

Deutschesmuseum, Ratskeller

 

 

Deutsches Museum

 

 

La tablée du matin reluit sous le ciel chargé – il a plu dans la nuit. Marche lente à travers les rues désertes de la ville moderne, jusqu’à l’énorme bâtiment du Deustches Museum. Quand on pénètre à l’intérieur on comprend mieux le choix des dimensions : on y trouve des avions, une dizaine des tout premiers modèles ayant réussi à voler (on a peine à y croire et le courage qu’il a fallu aux premiers aviateurs force l’admiration : « gloire aux héros de la voltige… »), du Rumpler Berlin avec ses ailes d’oiseau au petit appareil de Blériot ; on y trouve des bateaux, un voilier en coupe (comment imaginer qu’un équipage ait pu vivre dans un si petit espace – et même, y traverser des tempêtes, alors que je peine moi-même, malgré tout le confort dont je dispose, à retrouver un cap après une tempête pourtant bien ordinaire, et même ridicule en comparaison de toutes celles qu’affronte l’humanité ?) ; on y trouve un paquebot, des pirogues, des jonques, le premier modèle de bateau à moteur, mais aussi des scaphandres, des engins d’exploration marine, des sous-marins (un seul homme pouvait tenir dans celui-ci, scellé comme dans un cercueil…) ; à l’étage, une reconstitution du plafond d’Altamira et une salle de musique dédiée aux automates (ce piano relié à un ordinateur joue seul le disque qu’on lui propose…) ; au sous-sol, des mines de charbon et de sel…

 

Tant de génie nous dépasse, me dépasse, et finalement me lasse – je ne dois pas appartenir à cette espèce capable de tant d’audace – et je me réfugie, avec Clément, dans la cour bientôt balayée par la pluie. On file ensuite au Ratskeller, vaste restaurant aménagé dans le sous-sol de la Rathaus, l’Hôtel de Ville, à Marienplatz. Chaque salle présente un décor différent, et l’ambiance y est si chaleureuse qu’on en fait aussitôt notre refuge. On y boit une bière légère, les enfants ces « latte macchiatto » qui resteront à jamais indissociables de leur séjour à Munich (comme pour moi, naguère, à leur âge, le café « frappé » en Grèce), on y mange les bretzels et le Kaiserschmarren (une sorte de crêpe accompagnée de compote de pomme) : ce sont là des formes douces du génie humain.

On se laisse aller sans trop de peine à cette douceur.

 

 

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