Vigie, mars 2020

 

 

 

Le jour se lève

 

 

Vigiemars2020lejour

 

 

Le jour se lève j’irais bien chanter
Avec le merle d’à côté
Déjà les étourneaux volent là -haut
Merveilleux nuage d’oiseaux
Oh mon amour la belle heure pour s’aimer
L’aurore dans mon corps fait couler la rosée
Le ciel est clair et l’air encore frais
Par la fenêtre ouverte, triomphe l’été

 

Voilà ce que chante Catherine Ringer dans ma tête (car c’est la chanson dont j’étais occupé à proposer l’arrangement pour notre petit groupe de musique actuelle lorsque tout s’est arrêté).

 

On n’en est pas du tout là. Ce n’est pas l’été, mais un printemps bien étrange qui commence ; ce n’est pas un merle qui chante mais un pinson qui répète à tue-tête sa phrase dure devant la fenêtre close de ma Cave ; ce n’est plus, ou ce n’est pas encore, ou ce ne sera jamais plus l’heure d’aimer, et seule la maladie en ce jour semble triompher, mais l’isolement et le confinement redonnent paradoxalement – en tout cas ce matin – un peu de vigueur, de la vigilance, et l’on se sent redevenu sensible et poreux au monde. Un simple tour dans le jardin procure une petite ivresse de contentement sans objet qui, sur le moment, chasse l’anxiété, et l’on se reprend à rêver.

 

(Quand on rêve à ce point c’est que, sans doute, il y a un problème avec la réalité, n’est-ce pas ?)

 

 

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