Vigie, septembre 2012

 

 

 

EN RELISANT L’HISTOIRE D’ORPHÉE

 

 

Orphée a eu peur du silence et s’est retourné, dit Ovide. Quel poète aurait eu peur du silence ? Quel poète aurait à ce point manqué de confiance ?  Ce ne sont pas les ménades qui ont tué Orphée, mais ce mensonge. Car en vérité Orphée est revenu vainqueur du séjour des ombres, ayant sauvé Eurydice et l’harmonie du monde – si cela s’était su le monde était sauvé. Mais le mythe mutilé a fait du poète le chantre pleurnichard d’une nostalgie stérile.

Orphée en vérité a ramené Eurydice, puis il a vécu en chantant  la joie dans la souffrance, la souffrance dans la joie, sachant désormais la douleur de la perte et sans pouvoir se cacher derrière quelque absurde défaillance personnelle qui aurait laissé place au remords, au regret, aux cellules psychologiques pour poète raté.

Orphée vit désormais caché sous différents noms d’emprunt, tenant d’une main Eurydice et de l’autre la mort, célébrant la beauté, le silence et la souffrance mêmement.

 

4 septembre 2012

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