VIVRE EN POÉSIE
En cet automne-là dont il reste si peu, tu croyais vivre en poésie. Ton monde te semblait plus vaste, plus intense, plus fragile, à tel point que chaque jour te paraissait devoir être le dernier. Cet automne en lequel la maison, la vallée s’abandonnaient, il te semblait incroyable qu’il fût suivi peut-être d’un autre automne, de dix autres, de vingt, de trente, de cinquante automnes peut-être (et ce serait beaucoup). Tu disais : « Comment penser qu’on puisse ainsi continuer de s’agrandir, de s’intensifier, de se fragiliser ? Quelle coque y résisterait ? J’aurai disparu avant la fin, car aucun cœur ne saurait résister… »
C’était, naturellement (et tu n’étais plus assez naïf pour ne pas t’en douter) qu’à ce temps d’expansion correspondrait bientôt un temps de contraction au moins équivalent…
26 septembre 2012
© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.