Vigie, juin 2015

 

 

 

AU NAN LAGUYAN

 

 

 

Je rebaptise ainsi ce ruisseau, ce torrent du fond de la forêt où je reviens de loin en loin retrouver ma Guyane. 

Un tronc le traverse, que l’enfant franchit sans trembler. Il aime jouer les funambules, entraînant avec lui son petit frère qui passe, finalement, ayant vaincu sa peur (moi je ne passe pas). Puis tous deux reprennent le jeu de ce barrage dérisoire commencé l’an passé, le jeu de l’éternel été…

Je reprends mon propre jeu : au Nan de Laguyan le temps est différent. Il fait sombre. Les moustiques tournent sans se poser, car nous nous sommes badigeonnés d’un onguent protecteur dont l’odeur me rappelle la Guyane. Toutes ces odeurs d’humus, de mousse, de fougères, de champignon, de merde même me rappellent la Guyane.

Comme toujours la chienne Patawa (un palmier de Guyane) s’est couchée dans l’eau froide, et seul l’air hagard que lui donnent le grand âge et sa quasi cécité trahissent le fait que le temps a tourné. 

La Siamoise Dana, après avoir miaulé éperdument à travers la forêt, s’est calmée et a franchi à son tour le passage. Elle et moi restons assis tout au bord du torrent, inquiets, vigilants, aux aguets…

 

28 juin 2015

 

 

 

 © Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

 

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