ROUTE DE NUIT
La route de nuit
me fait son cinéma
avec sa lune ses phares ses faisceaux
qui projettent dans les fossés
quels fantômes quels fantasmes quelles ombres
ma route de nuit me fait son cinéma
appliquant à la lettre la règle qui dit que
plus le champ est restreint plus la menace est grande
ombres noires des arbres
rouge effarant du feu
demi-lune glacée villages pétrifiés
font un décor de fuite, décor de crime
le conducteur est fou le passager est mort
la menace cachée dans l’envers du décor
spectrale sur son fil l’effraie
me regarde passer
et pousse son chuintement que seul le spectateur
entend. La voiture file seule
le passager est fou le conducteur est mort
qui fuit de ville en ville à l’envers du décor
les feux de détresse bavent comme du sang
au carrefour – véhicule arrêté, avez-vous besoin d’aide ?
sur quel chemin vas-tu donc t’engager ?
sur quel chemin ?
fumigènes projos freins qui crissent moteur !
la route de nuit me fait son cinéma.
22 octobre 2015
(ayant repris la voiture pour aller au cinéma…)