Route, octobre 2015

 

 

 

 FLORAISONS TARDIVES

 

Routeoctobre2015fin01

 

Comme les chrysanthèmes en novembre

ou ces vieux fous des romans japonais

que la vieillesse libère

la route s’est parée d’une beauté tardive.

 

Longs cheveux roux dénoués

elle se cambre elle se dore

plus impétueuse qu’en ses pâleurs d’avril

elle a des écarts des éclats des abandons 

de feuilles offertes, de douceur hors saison

elle murmure avec la bonhomie

de qui n’a rien à perdre sachant qu’il va tout perdre :

c’est un peu tard mais pas trop tard

pour rutiler.

 

Dans le pré jaune un agneau cabriole

deux corneilles repues dansent sur la chaussée

qui croasseront demain dans la bise

l’érable du virage est en feu, la montagne

maquillée comme pour un jeu d’enfants −

que tout cela fatalement ternisse

fait la beauté de ce tableau

comme nous tous soumis au temps

comme nous autres qui devenons pourtant

(que personne n’en doute !)

plus pauvres et plus riches

plus fragiles et plus beaux

de saisons en saisons.

 

28 octobre 2015

 

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