Vigie, octobre 2016

 

 

 

DANSE HONGROISE N°11

 

Pleineluneoctobre2016

 

Comme émeut cette onzième « danse hongroise » dont le thème pathétique d’abord fait monter les larmes puis, par une sorte de pirouette extrêmement douce, s’atténue en majeur − et c’est un peu comme ce paysage d’automne de nouveau fastueux qui attriste pour ce qu’il nous rappelle du temps qui passe, puis presque aussitôt, mais de justesse, console, parce qu’on a cette année encore la chance de vivre un bel automne bien flamboyant.

 

Dans les sentiers, le long des routes, les habitants de la Vallée profitent de l’éclaircie pour ramasser les châtaignes (qui sont, déplore un couple en pleine cueillette, plus petites et moins abondantes que d’habitude). Il fallait sans doute toute la pluie de cette nuit pour faire éclore d’aussi belles couleurs sur la montagne et pour que les châtaignes rutilent aussi bien.

 

On flâne dans les prés, le jardin, les allées ; on attend devant l’école, le collège, à la fenêtre ; et l’on garde dans un coin de mémoire  

la lumière d’octobre sur les bogues blondes,

les Bauges, la Chartreuse, Belledonne qui débordent de nuages,

toute cette richesse offerte et dépensée pour rien,

les cris des derniers rouges-queues,

les cris des enfants dans la cour,

la petite silhouette qu’on guette, qui apparaît enfin et se met à courir,

la nuit venue les pages lues très lentement par l’enfant qu’on serre contre soi,

et puis, à l’aube, saisis in extremis, les derniers éclats de la lune qui disparaît côté Chartreuse.

 

Mineur, majeur, tout ce qui s’enfuit est beau et allez ! valait la peine d’être perdu.

 

16 octobre 2016

 

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