Vigie, octobre 2016

 

 

 

LE DÉLUGE

 

Pluienocturne22octobre2016

 

C’est peut-être parce que j’ai lu, hier soir encore, l’histoire du Déluge à Clément, ou bien à cause de la pluie qui fouette la fenêtre de toit dans la nuit. Soudain, l’horizon noircit, un mur liquide se forme et l’on entend un grondement si terrible que je dis à l’enfant : « Il faut tenter de fuir, l’île va être engloutie »− ce qui est évidemment absurde. Nous courons quand même. Je dis encore, considérant la situation avec empathie et détachement : « Regarde ces bêtes, et tous ces pauvres gens qui vont être emportés ! Regarde cette femme, là-bas, à la fenêtre, qui prépare le repas… On dirait Josette… » Et je reconnais en effet la silhouette de ma mère, ses cheveux coupés court, cette façon qu’elle avait de pincer les lèvres, son visage, son regard… Je sors mon dictaphone et, sans trop de conviction, tente de la décrire à voix haute dans l’espoir de garder trace de cette apparition promise à une prompte disparition.

 

23 octobre 2016

 

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