Un hibou
À l’intérieur d’une vitrine vide et sombre dans ce qui semble un austère musée d’histoire naturelle, il y a un hibou empaillé. Un Grand-Duc, simplement posé sur un cube noir, sans décor, sans même un semblant de branche qui donnerait une illusion de nature. Soudain ce hibou ouvre ses yeux orange et commence à bouger. « Mon dieu, mais il est vivant ! », m’écrié-je avec horreur. « Vivant… dans cette vitrine fermée… il ouvre le bec mais on ne l’entend même pas crier. C’est affreux ! Il faut le libérer. » Je fracture alors la vitrine d’où le hibou s’échappe. Il se pose sur mon épaule, me donne un amical coup de bec, puis s’envole par la fenêtre. On me dit qu’il n’a aucune chance de survivre, que j’ai agi en égoïste, qu’il valait mieux pour lui continuer à vivre ainsi protégé ; mais vivre empaillé, alors qu’on est encore en vie ? Ce n’est pas supportable, n’est-ce pas ?