Vigie, décembre 2020

 

 

  

Écrire en hâte

 

 

 décembre2020 02bis

 

 

Écrire en hâte avant que la neige n’ait fini de fondre ;

 

Écrire à la volée ces lignes sur la neige, comme on lance désormais sur les ondes ces messages avec peu de mots, beaucoup d’images, et promis à un rapide effacement ;

 

Écrire comme on aime, urgemment, intensément, dans les ratures de l’emploi du temps, entre deux tâches, entre deux gares, entre la vie et la mort – écrire comme on appelle au téléphone un parent, un ami qui ne va pas très bien, juste pour le réconfort ;

 

Écrire comme on griffonne en pattes de mouche indéchiffrables un commentaire dans la marge du livre qu’on lit ;

 

Écrire aussi bientôt sans doute comme on promène son chien, parce qu’il en a besoin, parce qu’on en a besoin, par nécessité triviale et vitale d’écrire et de se promener ;

 

Écrire parce que la vie est belle, parce que la vie est triste, parce que Décembre est lumineux ou très sombre, et parce qu’en ouvrant la fenêtre couverte de givre on s’est souvenu d’une marche ancienne dans la neige et qu’on a cru entendre un de ces appels venant de la montagne ou de l’enfance auxquels on ne peut pas répondre autrement qu’en écrivant.

 

 

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