Vigie, décembre 2021

 

 

 

Marche brève pendant la neige

 

 

Vigie031221

 

 

Marche brève à travers le grésil serré qui donne l’impression que le ciel aussi, comme les prés et les bois après l’averse d’hier, est en débâcle. On courbe l’échine. Moi qui m’étais promis de regarder le ciel je regarde mes bottes, et la queue en panache du chien qui trottine dans la neige molle. Puis soudain le grésil se transforme en lourds flocons. Le tempo de la chute ralentit. Le sol blanc jonché de feuilles s’orne d’une nouvelle couche d’un blanc très pur sur lequel on dérape. Le vent se lève. Quand on sort de la forêt et qu’on arrive dans le grand champ, tout le paysage semble raturé en diagonale comme sur un dessin où un enfant qui aurait lu Jack London tenterait d’illustrer une tempête dans le Grand Nord. Les noisetiers acajou blanchissent, s’affaissent, disparaissent. Les troncs nus des bouleaux doublent de leurs herses claires ce grillage de neige.

Tourbillons blancs dans le ciel gris.

Gris. Blanc.

Décembre se referme sur nous.

Mes lèvres tremblent et je blanchis aussi.

Sur le chemin du retour je me tais, l’échine courbée, les yeux mi-clos.

 

02/12/21

 

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