Vigie, décembre 2021

 

 

 

Et maintenant je sais

 

 

Vigi111221

 

 

Gel et givre à la fenêtre de la cave. Élodie et la brume sont parties, je reste seul devant l’écran. J’attends, un peu fébrile. Si maintenant on me disait que j’ai fait fausse route, que je ne suis nullement « dans le spectre » ainsi que j’ai fini par le penser, que tout cela n’était qu’une construction de mon esprit, je n’en serais pas étonné, mais sans doute un peu déboussolé.

La réponse vient vite, et ne m’étonne que par sa clarté. Maintenant je sais. Je peux poser un nom sur ce nœud d’où découlent et se ramifient mes « bizarreries ». « Seule une infime minorité de personnes ayant votre profil sont insérées socialement, ont un métier, une famille, vous savez… » Je sais. J’ai toujours dit qu’il était miraculeux que j’aie pu m’insérer de la sorte, qu’il s’en était fallu d’un cheveu pour que cela soit impossible, que je ne le devais qu’à ma bonne étoile, au soutien familial et à un « intérêt spécifique » (je ne le disais pas en ces termes) pour la littérature qui m’avait permis de devenir enseignant.

Maintenant je sais. Ce n’est pas une identité de plus, pas une carte de visite, rien qui se substitue à ma personne (dont les contours continueront à m’être flous). Il y a autant de formes de l’Éveil que d’éveillés, dit le Dharma, et autant d’autismes que d’autistes, pourrait-on dire en exagérant un peu. Tout de même, je suis heureux, mon chemin est plus clair, je vois plus clair en moi. On me demande si j’accepterais de témoigner de mon parcours auprès de familles touchées par les troubles autistiques et je suis enthousiaste. Puissé-je éclairer à mon tour ce chemin secret, tortueux, invisible au commun des mortels, de l’autisme. Je sais, et je veux bien le faire savoir !

 

21/12/21

 

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