Un cerf en décembre
Premier décembre. Lueurs roses sur les sommets immaculés, grand ciel d’hiver limpide et net : comment croire à la neige annoncée ? Rimski rôde autour du lit où le chat Musique s’enfonce un peu plus en grondant. Je paresse et je lis en grattant leurs têtes à tous deux. Dans la chambre du bas l’enfant ne s’est pas réveillé, qui dort encore profondément enfoui sous la couette comme un hérisson en hibernation – ce pourquoi je me retrouve bientôt à rouler sur la route de son collège. Lui, regarde sans voir les crêtes blanches, le grand ciel qui pâlit, les corneilles qui sautillent dans les prés.
Un peu plus loin juste en dessous de Presle passe un troupeau de cerfs, puis c’est un grand mâle qui traverse la route, s’arrête, se retourne et me regarde de bas en haut, comme par défi (je crois plutôt qu’il attend le reste du troupeau qui est resté à couvert). Je ralentis et je regarde. Je remercie Clément d’avoir oublié d’enclencher son réveil : c’est grâce à lui que je ramène cette image d’une beauté sauvage qui augure bien de décembre (et c’eût été à cause de lui que je me serais retrouvé au fossé sans avoir pu éviter le camion fou qui roulait au milieu de la route étroite, si je n’étais pas parvenu à m’extraire à temps de ma rêverie…).
01/12/21
