Au Fort de l’Esprit

 

D’un cercueil

 

Enfermé dans le cercueil de la nuit comme le personnage de Bertrand Bonello, tu t’appliques à te calfeutrer, tu te cloues, toi-même tu te verrouilles tant et si bien que plus rien n’entre ni ne sort, plus rien ne bouge, plus rien ne vit sauf ce souffle infime enfermé, asphyxié si lentement et qui va morendo.

De vieux chats perdus depuis longtemps rôdent autour. Par l’interstice tu peux voir ta grand-mère qui se réjouit d’avoir enfin pu rentrer dans la petite maison qu’elle n’habitera plus jamais. Tu entends la voix de ton grand-père mort, aussi.

Enfermé dans le cercueil de la nuit tu frappes, tu cognes à la caisse, soudain tu cries – en pleine nuit, mais sans te réveiller – « il y a erreur ! je suis vivant ! »

S’ouvre un très long couloir  où s’entassent des jouets qu’un enfant plein d’ennui dédaigne. Et toi tu cognes à la caisse.

 

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