Au Fort de l’Esprit

 

Équanimité du soleil

 

Au sortir de la chapelle, les touristes s’étirent comme chats en été, et la vieille femme épuisée qu’on a menée en fauteuil jusque dans le jardin de l’hospice ce jour-là s’étire aussi et savoure le soleil qui réchauffe d’une douteuse, cruelle ou indifférente équanimité les vacanciers, et les mourants.

À l’intérieur de la chapelle, de neuves bannières rouvrent facticement les fenêtres condamnées et des stickers en bariolés réveillent le souvenir des vitraux brisés. Les souffles se mêlent comme se mêlent au silence les cris des enfants et la voix des morts. On œuvre en silence à rouvrir, à faire battre les portes du cœur. Les solives nous surveillent. Les hauts murs protègent nos cendres en lesquelles  rougeoie une braise.

 

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