Au Fort de l’Esprit

 

L’ancienne chapelle dort

 

L’ancienne chapelle dort encore, porte close, façade décidément décrépie rongée de lichens, la vieille, la grise chapelle que ne rehaussent plus pour tout ornement que la ligne pure de la flèche du paratonnerre et le fouillis des antennes de téléphonie mobile.

L’ancienne et désolée chapelle comme une bête épuisée nous regarde, comme nous regardent toujours les ruines. On scrute les façades, on hante les allées, les cailloux crissent, le vent fait trembler les tilleuls et puis le soleil soudain rallume dans chaque creux une braise et dessine une auréole sur la tête d’une passante. Le monde se reprend à bourdonner, un cri d’oiseau se froisse, on entend l’appel au loin du village, un quart de lune dans le ciel s’efface et le vent fait chanter en la mémoire la chorale du présent.

C’est alors que les portes s’ouvrent.

 

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