Au Fort de l’Esprit

 

Au citadin

 

Ce qui importe au moine moderne, c’est la terre en elle-même.

Raimon Panikkar, Éloge du simple.

 

« Nous avons le devoir impérieux et pour tout dire vital de nous réconcilier avec la nature. La bonté de l’espace se manifeste en ses formes, en ses fragrances, au dedans comme au dehors de ton corps-esprit.

Si tu n’apprends pas, citadin, ce langage du dehors, si tu dédaignes ses mots de remous, de météores, d’arbres et de bêtes, si tu confonds sans malaise la mésange noire et la mésange nonette (dont le chant est plus aigu), si tu n’apprends pas à être en la nature comme le peintre en son tableau, n’espère aucun signe vrai et nulle réconciliation.

Compère mâcheur de vache et de chimie, toi qui pour savoir si la pluie vient regardes ton IPhone plutôt que le ciel, la bonté de l’espace te restera refusée.

Reprends terre ! Ne néglige pas les formes premières d’où naissent les musiques, les poèmes, les tableaux que tu aimes et qui t’ont, semble-t-il, donné l’intuition d’un monde.

Il faut, de nos jours, insister : le moine moderne comme le poète est d’abord celui par qui se noue un nouveau rapport à la terre. »

 

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