Au Fort de l’Esprit

 

La jeune fille, les livres et la mort

 

à N.

 

C’est une toute jeune fille étudiante à Cambridge et qui revient d’Espagne où elle a mené enquête pour le compte d’une organisation écologiste sur le travail de lobbying de Monsanto. Elle parle de la mort de ses parents par cancer. Elle avait dix-sept ans.

Élève d’abord médiocre (rapporter de bonnes notes à qui ? et pourquoi ?), la lecture de Nietzsche la sauve. La quête commence, la quête se perd dans la nécessité des études. Le silence. Le trou noir. La perte des repères. Dans un centre de spiritualité où des paumés comme elles achèvent de devenir dingues, on lui parle en termes morts de renoncement et de vacuité.

Le voyage, peut-être la fuite, elle file à Saint-Pétersbourg où un rêve la réveille. Elle suit l’héritage des livres laissés par son père, toutes les traces laissées par son père. Quand elle parle de poésie son visage s’éclaire. Elle pose des questions lumineuses qui éclairent.

Ainsi nous sauvent parfois les livres.

Ainsi après ma mort les livres peut-être guideront mes enfants esseulés sur le chemin sans chemin de la grande dévastation – esseulés, mais non tout à fait démunis, peut-être, non tout à fait ?

 

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