Au Fort de l’Esprit

 

D’un hibou hululant

 

Passé minuit les enfants continuent leurs jeux dans la cour enténébrée. Ils disputent une dernière partie de ballon mais les murs arrêtent leurs rires : demain, la plupart s’en iront.

Au loin dans la vallée s’étirent les tentacules orange des routes qui relient les bourgs. Le cri d’un hibou questionne l’inquiétude, la maladresse.

Brise nocturne. Le cœur aussi, déité tout à fait, découragée se brise – et se reforme plus haut, peut-être, parmi les étoiles.

Ces enfants qui jouent en l’insouciance de l’été de leurs douze ou treize ans, plus tard peut-être se souviendront-ils des sensations éperdues de leur liberté perdue – et leur cœur aussi se brisera.

Pars, écarte-toi de la lumière où tu n’es pas à ta place, cache-toi dans l’ombre, vieil hibou honteux, hululant, hué par les lueurs – mais qu’est-ce que tu fais là ?

 

Ce contenu a été publié dans Archives. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.