Vigie, mars 2023

 

Les traces d’un drame

 

 

Marche sous la pluie froide à travers la vallée qui tremble à nouveau sous le souffle tout proche de la neige. Les brebis de Joël nous regardent passer, impassibles, bien protégées sous leur laine sale. Tout est sale, le sol encore jonché des débris laissés par l’averse de grêle. Rimski presse le pas, espérant sans doute retrouver Tanaka, la jeune Malamute avec laquelle nous avons promené hier à l’invite de ses maîtres, un jeune couple installé depuis deux ans dans un hameau voisin. Les chiens ont joué pendant que nous parlions d’éducation canine et de Nordiques…

Moi aussi je presse le pas, et l’on fait ensemble un petit brin de course jusqu’au Gelon qui bouillonne. Soudain Rimski fonce sur le bas-côté et fait s’envoler pesamment un assez gros rapace qui tient une proie entre ses serres. On trouve, sur le lieu du drame, un amoncellement de plumes qui ne laisse guère de doute quant à l’identité de la victime : un pigeon colombin ! Un chant de moins dans la forêt, mais on entend en écho le cri triomphant du rapace.

Longue marche silencieuse jusqu’à La Martinette. Un chat traverse le grand champ. Un autre, tellement immobile que je l’ai pris pour une motte de terre, regarde Rimski avec méfiance. Chez Élodie les maçons sont en train d’ouvrir une fenêtre dans le mur presque borgne qui donne sur les bois, on pourra surveiller les chevreuils. Enfermés à l’intérieur de la maison, les chiens de Philippe aboient de toutes leurs forces et secouent la porte. On laisse la combe derrière nous et l’on remonte vers les nuages sombres…

27/03/23

 

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