La salle en octobre

HAÏKUS D’AUTOMNE

Automne au collège :

plus que la tristesse la fumée

voile la colline.

Le rougequeue

froisse son papier

dans la cour assombrie.

Quinze heures.

L’espace

semble sans menace.

La Tour vieille

veille aussi

sur l’automne.

Depuis son sommet

les silhouettes dispersées

semblent minuscules.

Averse d’octobre :

un œil au-dedans, un autre au dehors,

on guette la neige.

Averses d’octobre :

une pluie de feuilles jaunes

s’est mêlée à l’eau.

L’averse s’apaise

là-haut le bouleau pourtant

tremble encore.

Entre tant de gouttes

la parole et la fumée

peinent à s’élever.

La bourrasque

comme une claque

sur la joue de la vitre.

On écope :

la barque de la classe

a pris l’eau.

Deux pigeons

trois feuilles rouges

passent en volant.

Ça tangue dans les branches

même la montagne

craque un peu.

La pluie aussi

écrit des poèmes

qui laissent peu de traces.

Le Bréda

un iceberg gris glacier

méconnaissable.

Ça danse

du côté des châtaigniers

ça chante aux carreaux !

Chauves-souris frileuses

pressentant l’hiver

recroquevillées.

Les vagues de la cour

ont-elles balayé l’habitude ?

Plus personne.

Ce matin d’octobre

les ouvriers couvrent le toit

les élèves œuvrent aussi.

Quel affolement

cachent leur insouciance,

leurs paroles ?

Je n’aime pas rester seule, dit-elle,

et l’on s’arrache bientôt

au rêve de la cour silencieuse.

4 octobre 2012, 10 octobre 2013, 25 octobre 2012

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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