Octobre à Barcelone

LA PLAGE (2) : la femme blonde.

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Puis revient comme le ressac ce temps cyclique de la plage qui est, pour l’enfant et, semble-t-il, bien des vacanciers, quelque chose comme l’éternité (mais que c’est monotone, cette éternité-là !).

L’enfant de toute évidence préfère ces vraies vagues, ces vraies gouttelettes, cette écume, à celles, factices, de la Casa Bathló.
On observe une fois de plus le ballet des masseurs, loueurs de transats, vendeurs de cervesa, tatoueurs, etc.

Allongée sur sa serviette rose, les pieds dans la partie humide de la plage, la femme aux cheveux blonds décolorés allume une énième cigarette et refuse d’un mouvement d’épaule les massages qu’on lui propose avec insistance. Elle n’est plus très jeune, elle est seule sur sa serviette rose, elle tourne le dos à la mer et elle fume tout en scrutant avec insistance, souci ou gravité, ce groupe de mâles allongés sur des transats.

Que fait-elle ici ? Qu’est-ce qu’elle attend ? Une aventure ? Un sac à voler ? Juste une peau bronzée pour être plus attirante ? Le vendeur de Coca-Cola-cervesa-bier passe à grands pas décidés, impatient ; les mâles rient à cause de l’un d’eux qui a accepté de se faire masser ; la ronde des vendeurs se fait plus serrée, plus obsédante, et quelque chose de dur, de violent, émerge de cette torpeur comme un récif de l’écume.

Passent un pigeon, une planche, un nageur.

« Beaucoup de gens partent déjà, pourtant il est encore tôt… »

La femme blonde se redresse, soupire, s’assoit face à la mer et rallume une cigarette.

 

24 octobre 2014

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