Route, mai 2016

 

 

 

MALGRÉ L’ÉTÉ

 

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D’un geste impérieux l’homme en orange fait signe d’avancer à la voiture qui passe prudemment entre le lourd camion à benne et le rouleau compresseur en action. Bruits de machines, fracas, grésillements : c’est en mai que l’on répare la route. On roule alors dans la poussière verte. Les vieilles marques de goudron et de peinture s’effacent, et quand se croisent les voitures les impacts de gravillons dessinent des étoiles sur les parebrises. Parfois on glisse un peu dans le virage.

À l’autre bout du paysage le Granier s’est encore éboulé, et la faille blanche brille au soleil. Tout le massif est désormais le domaine réservé des marmottes, des chamois, des lièvres variables, des lagopèdes et des tétras qui mènent là-haut sans témoins leurs dangereuses existences. Les vieux névés finissent de s’effondrer.

Tout ce qui s’effondre, tout ce qui tient bon.

À la radio, ostinato, un piano tient bon le tempo. Dans les jardins et dans les champs les fleurs maintiennent leur floraison. Au carrefour les travaux vont bon train. Jour après jour l’enfant travaille sa partition. Jour après jour le livre se construit, s’érode, s’amollit par moments puis repart, défi réitéré. Malgré mai qui proteste et s’en va, malgré l’été qui vient, le cœur aussi tient bon.

 

18 mai 2016

 

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