Route, mai 2016

 

 

 

TROIS ENFANTS SUR LA ROUTE

 

Routemai2016enfants

 

Il marche dans la lumière neuve, son sac à dos négligemment accroché à l’épaule droite. Il traîne ses baskets vertes dans les gravillons frais. Il regarde les crêtes et il pense aux vacances. Il est déjà ailleurs, porté par un rêve d’été. Il fredonne, soupire, puis court rejoindre au carrefour d’autres enfants qui rient et crient dans les aigus comme les martinets.

 

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Il marche dans la poussière au pas cadencé avec une arme sur l’épaule. Il ne chante pas, il ne parle pas. On lui a appris à refouler les mots, les larmes. On a fait de lui une machine de guerre, pour prolonger la guerre. Hier il a tué pour la première fois, et tous ont joué avec la tête qu’il avait tranchée. Il est fier. Il est en marche. Ils sont des milliers qui marchent comme lui, prêts à haïr, prêts à détruire ce monde si fragile.

 

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Il marche sur la piste rouge d’un pays inimaginable, avec un violon à la main. Dans ce pays en perdition on arme les enfants des rues avec des instruments de musique. Il va rejoindre son orchestre. Avec lui il y a cent mille enfants ainsi enrôlés dans les cohortes de l’armée symphonique. Il répète dans sa tête la mélodie apprise hier. Il est l’espoir en mai.

 

17 mai 2016

 

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