SOLSTICE D’ÉTÉ
Plein soleil, un rond jaune digère les ombres. Jour de fournaise et de poussière. Le jardin disparaît, les bêtes s’enterrent, les oiseaux se taisent et le jazz n’en finit plus de monter à la tête, toujours un peu avant, un peu après le temps, toujours dansant. J’écris ces lignes pour le simple plaisir de sentir que le jour se prolonge dans cette Cave pas enfumée et bien rangée, en compagnie de Sydney Bechet dont le soprano m’enivre, et du bel alto au pavillon duquel toute la lumière s’accroche. Je donne à Clément sa leçon du soir, et la taille de l’instrument ne suffit pas pour entamer l’enthousiasme avec lequel il répéte, ad libitum jusqu’à ce que le son déraille, la, sol, do, les trois notes que nous connaissons ; puis nous remettons les sèche-tampons, nettoyons toute cette mécanique compliquée, déposons l’instrument sur son socle, et le jour, la nuit, la joie, la peine s’équilibrent.
21 juin 2017