Vigie, mai 2021

 

 

 

Un coup de vent

 

 

Vigiemai2021 04 

 

 

Vent d’été sur la vallée, l’alerte au vent a été donnée hier sur la région, dont on ressent ici quelques soubresauts. J’aime bien le vent, dit l’enfant qui n’est plus un enfant lorsque le volet claque. Les gris s’assombrissent, les verts se renforcent, le blanc des crêtes est électrique et le chien blanc court dans les hautes herbes en sautant pour tenter d’attraper les criquets dont la clameur emplit tout l’espace. Branches tombées à terre. Parfums délétères tout brûlants de pollens et de graminées. En remontant le sentier, je manque donner un coup de pied dans une morille blonde monumentale. Le nant gronde, Rimski pousse un cri rauque à cause d’un chevreuil, le vent siffle au-dessus de nos têtes et libère un désir de brutalité sauvage qui se traduit par une course folle dans le torrent – je suis trempé – de pierre en pierre – et sans glisser – à travers les ronces – et ça déchire – de tronc en tronc – Rimski s’affole – puis on retrousse les babines, on se montre les crocs et on se roule dans la boue en ahanant et hurlant comme des louveteaux.

 

Voilà à quoi conduit parfois un coup de vent.

 

 

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