Vigie, juin 2021

 

 

 

Rencontres sur la route (sangliers et couleuvre)

 

 Vigiejuin2021 06

 

Deux images de confiance animale aujourd’hui m’ont touché.

 

D’abord, cette rencontre au détour de la D 207, juste après Arvillard, à ce croisement qui mène vers Beauvoir (par une toute petite route que je me souviens avoir empruntée en camion, il y a quatorze ans, avec mes parents, pour effectuer en hiver le déménagement du Villard) : un marcassin surgit, suivi d’un autre, puis d’un autre, j’en compte dix en tout. Je m’arrête aussitôt, m’attendant à voir la mère débouler à son tour, mais celle-ci reste probablement à couvert et les petits, totalement inconscients du danger de la route, entourent ma voiture et se mettent à jouer, se courant après, se roulant sur le bas-côté comme des chiots, dansant avec leurs ombres sur leurs fins sabots comme des danseuses. Le spectacle me ravit, mais ce qui m’émeut aux larmes est cette absence de méfiance des jeunes animaux sauvages vis-à-vis de l’homme et de ses engins meurtriers – on observe la même candeur chez les renardeaux, les jeunes mésanges, bien d’autres bêtes – et la triste désillusion à laquelle les voitures et la chasse mettront vite un terme.

 

Ensuite, cette image d’une grande couleuvre à collier qui, considérant le bitume brûlant de la route comme le meilleur endroit pour venir se réchauffer, a fini aplatie, écrasée peut-être intentionnellement par un automobiliste imbécile – et me revient alors l’envie folle de garer définitivement ma voiture pour ne plus aller qu’à pied.

 

 

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