Vigie, juin 2021

 

 

 

Rencontre en ville (Joël Vernet) 

  

 

On marche dans la ville et on n’en revient pas de cette foule, de ce soleil, de ces activités qui pour un temps reprennent, de cet air doux, de cette possibilité rouverte de la rencontre. On retrouve en effet ce soir l’ami Joël Vernet à la librairie Garin, et je mesure avec gratitude ce que le temps a apporté de bon depuis l’an passé.

Lui, bien sûr, n’a pas changé, nullement troublé par la gloire tardive des pleines pages dans la presse nationale ou de ce prix de l’Académie française qu’il obtiendra quelques jours plus tard. On retrouve la douceur et la précision de sa parole, la finesse de son écoute, cette amitié qui va sans nulle tromperie des livres aux lecteurs et des lecteurs à l’homme.

Tout est parti de la catastrophe de la mort du père, dans l’enfance – et pourtant « l’écriture, dit-il, peut se passer de la douleur ». Le lire et l’entendre fait plaisir ! On peut, même happé par l’écriture, travailler dans la joie et l’apaisement.

Comment les lieux de l’écriture, qui ne coïncident pas forcément avec les lieux racontés (ainsi d’Abidjan pour La nuit n’éteint pas nos songes) infusent-ils dans le texte ? Joël livre en passant des pistes qui répondent à la question que je n’ai pas posée.

Tiens, lui aussi apprécie particulièrement Poteaux d’angles de Michaux !

Que j’aime la pudeur de cet homme, et cette humilité jamais feinte qui fait glisser cette sorte d’incise assez jaccottéenne : « le rapport que j’ai ou que je n’ai pas avec le réel »…

Quelque chose du dehors venait à nos oreilles, que l’on entend plus tard dans le livre, dans cette librairie, dans nos cœurs, dans la rue.

La nostalgie est un élément de l’avenir.

Finalement nous voici avec Élodie sur la terrasse d’une pizzéria, comme avant, comme toujours, à deviser tous ensemble, d’abord assez intimidé pour ma part, puis simplement heureux de tant de connivence et ravis des retrouvailles.

 

 

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